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2e dimanche de Carême : le véritable sacrifice d'Isaac
L'ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! » (Gn 22,12)
Tout le monde sait qu'Isaac n'a pas été immolé par son père ; alorspourquoi continue-t-on à parler du « sacrifice » d'Isaac ? Parce que ce mot « sacrifice » a changé de sens au cours des siècles, tout simplement. Et le fameux récit de l'épreuve d'Abraham marque une étape décisive dans cette évolution. Une fois encore, il s'agit de la pédagogie patiemment déployée par Dieu au long des siècles pour nous attirer à lui et non aux caricatures que nous nous forgeons de lui.
Le texte dit bien que Dieu a demandé à Abraham de « sacrifier » son fils Isaac : « Monte-le en montée », porte le texte hébreu, ce qui est effectivement l'expression employée pour un sacrifice ordinaire. Nous pourrions traduire : « Offre ton fils. »
Mais d'où vient que, pour les hommes, « offrir » à Dieu signifierait « détruire » ? Quand saint Paul nous exhorte à offrir nos corps en sacrifice vivant (Rm 12,1), nous ne songeons pas à nous immoler : nous comprenons que nous sommes invités à mettre nos corps, c'est-à-dire notre vie tout entière, au service de Dieu et de son projet.
C'est cela qu'Abraham devait découvrir : de bonne foi, il croyait devoir immoler son fils, comme de nombreux pères de famille le faisaient en Mésopotamie. Sa grande surprise fut de découvrir que le Dieu qui l'avait appelé ne voulait à aucun prix de sacrifice humain.
Comment honorerions-nous le Dieu créateur en détruisant sa création et, pire encore, ses créatures ?
Ce jour-là, le véritable sacrifice d'Abraham et d'Isaac fut de découvrir la volonté de Dieu et d'y conformer leur vie.
C'est bien l'objectif de notre Carême.
Marie-Noëlle THABUT - Bibliste dans le diocèse de Versailles (dans « Magnificat » n° 339, pp. 23-24) 28 février 2021